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sElle s’appelle Madame B.

C’était il y a 12 ans. Je suis éducatrice spécialisée. Je travaille pour un service attaché à l’Aide Sociale à L’Enfance. Je m’occupe de familles qui ont des difficultés éducatives mais pas toujours…

AEMO

Madame B. est jeune, elle a 26 ans. Elle est maman de deux filles de 9 et 7 ans. Elle n’est plus avec le père de ses filles et quand je la rencontre elle vient de tout perdre.

Madame B. est jeune mais ses yeux sont cernés et tristes. Ses cheveux sont tout abimés. Elle est mince et malgré tout cela, elle a l’air forte.

Madame B. a tout perdu dans un incendie dû à un logement insalubre ce qui lui vaut cette mesure éducative. Tout perdre : ce sont ses vêtements, les meubles, les jouets de ses filles, mais surtout elle a perdu ses chiens et leurs petits.

Elle me raconte, et en dehors de toutes les lignes du contrat éducatif, je la console. Elle s’occupe bien de ses filles. Elle fait ce qu’elle peut et c’est déjà beaucoup.

Elle commence par pleurer, beaucoup puis de moins en moins. Je tends les mouchoirs pour voir parfois apparaitre la naissance d’un sourire : je console.

Elle raconte sa vie avant l’incendie, la vie dure, pleines d’épreuves. La vie qui malmène qui secoue, qui ne laisse parfois pas de répit. Je la regarde, je suis là : je console.

Elle raconte encore en hoquetant le cauchemar des flammes, les yeux encore affolés. Son regard s’accroche au mien rassurant. Elle dit le terrible, la peur, l’angoisse, les « cris »des chiens… Je reste, j’écoute encore : je console.

De pleurs en discussion, de moments d’effroi en silence, après des semaines de rencontres et plusieurs boîtes de mouchoirs et tasses à café refroidis, elle se reconstruit, pour mieux être avec ses filles, pour être mieux avec elle. Elle se console, moi je finis de consoler.

Elles sont loin les règles énoncées de la mesure éducative. Et pourtant ce dont elle avait besoin elle, c’était juste d’être consolée.

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